Repenser les bassins de vie

 
Repenser les bassins de vie
par Jean-Paul Voisin
 
Ma réflexion est partie de préceptes qui me semblent toujours justes, au premier rang desquels figure l’idée suivante : « Il faut conjuguer la verticalité du pouvoir avec la transversalité des activités ».
À cela j’ajoute un souhait fort et sincère de mutualiser les moyens humains et matériels afin de faire de la citoyenneté et de la démocratie une pratique quotidienne.
Vous en conviendrez, ces quelques mots constituent à eux seuls un vaste programme.
Avant toutes choses il me fallait établir un diagnostic et cerner les enjeux sur un territoire à taille humaine. Je me suis appuyé pour cela sur l’excellent document intitulé Schéma de Cohérence Territoriale du Pays de la Baie du Mont-Saint-Michel (SCoT).
Au cours de mes recherches, auprès d’organismes possédant une vision globale des problèmes territoriaux, j’ai été frappé par leurs conclusions : « Le sud Manche possède les moyens de couvrir l’ensemble des besoins, mais il existe des carences liées à la répartition et au manque de coordination de ceux-ci ».
Il s’agit bien d’une situation paradoxale !
Elle résulte en grande partie de la désertification de zones rurales situées essentiellement sur les collines de la Baie. Mais également, de l’existence de structures possédant leur propre réseau, leur propre vocabulaire (émaillé de trop nombreuses abréviations). Ces microcosmes géographiques en partie refermés sur eux-mêmes se retrouvent également au plan professionnel. À titre d’exemple, on peut citer l’action médicale et sociale comparable aux deux mains d’un même corps, mais qui ne se reconnaissent pas entre elles. À l’évidence, l’organigramme de nos démarches ressemble toujours et encore à des tuyaux d’orgue !
Dès lors, une question essentielle s’est posée : comment trouver une référence partagée permettant de parler le même langage ?
Si la commune constitue indiscutablement l’élément de base reconnu et vécu par chacun de ses habitants, il n’en va pas de même au niveau des futures communautés communes. C’est ce qui m’a conduit à vous demander pourquoi il n’est pas prévu, de rattacher le Tertre au Mortainais, Brécey au Sourdin et Percy au Saint-Lois. Vous m’avez répondu et je vous en suis reconnaissant : « La coopération intercommunale se fait de plus en plus à l'échelle du bassin de vie ».
Ainsi, le bassin de vie serait la référence partagée à partir de laquelle on peut envisager de mieux vivre ! Un territoire où se situent l’emploi, l’habitation, les lieux de consommation et d’études.
Je suis parfaitement d’accord avec vous, seulement dans ce cas il importe d’aller jusqu’au bout du raisonnement en tenant compte des réalités et de nos conceptions!


Certains bassins de vie outrepassent les limites du Pays de la Baie du Mont-Saint-Michel.
 
Celui de Villedieu-les-Poêles serait situé pour moitié dans le Saint-Lois.
La commune du Mesnil-Aubert se rattache au bassin de Coutances, celle de Saint-Georges-du-Rouelley au bassin de Domfront.
Et surtout, le canton de Sourdeval et en partie celui de Saint-Pois dépendant du bassin de vie de Vire (14).
En raison, notamment, de ces réalités objectives, on peut dénombrer trois bassins de vie dans le Pays de la Baie :
Deux bassins de vie organisés autour de pôles urbains.
Il s’agit de Granville et d’Avranches.
Un bassin de vie dont les relations privilégiées sont liées au relief, aux infrastructures du territoire et qui englobe :
— Saint-Hilaire-Du-Harcouët, Barenton, Le Teilleul, Mortain, Juvigny-le-Tertre et Brécey. Certains de ces bassins souffrent d’isolement, car ils se trouvent éloignés du littoral, de l’autoroute des estuaires et des centres de décision.
Sommes-nous prêts pour ce bassin de vie entre Sée et Sélune à :
— affronter des réalités qui remettent en cause des découpages administratifs ?
— mutualiser les moyens matériels et humains pour faire vivre un ensemble de structures assurant la liaison entre la commune et le bassin de vie ?
— organiser des actions solidaires permettant d’aider les plus démunis dans le bassin de vie ?
Cette définition du Sud Manche sur trois bassins de vie (le Granvillais, l’Avranchin, entre Sée et Sélune) me semble moins poétique, mais plus juste que celle de : Pays de la Baie. À l’évidence, le littoral de la baie du Mont-Saint-Michel borde à la fois la Normandie et la Bretagne. Le Mont se trouve au sud du Sud-Manche. Sa renommée est internationale, mais son influence s’exerce pour l’essentiel dans les communautés de communes avoisinantes, dont Avranches demeure la plus représentative ! Sur le territoire des trois bassins de vie, le rayonnement de Granville (la Monaco du Nord) s’avère d’égale importance.
Resterait au bassin de vie entre Sée et Sélune à se faire connaitre et admettre. Mais cette évolution, pour qu’elle soit durable, passe par une réforme structurelle dans le prolongement d’opportunités susceptibles d’enrayer momentanément son déclin.
Cette définition de trois grands bassins de vie ne doit pas nous faire perdre de vue la présence de bassins de vie intermédiaires. Ils se trouvent autour et à l’intérieur des villes de taille moyenne. Sans oublier d’offrir aux villages la possibilité de se regrouper afin de justifier la présence de certains services ou commerces.
Certes, c’est en marchant qu’on avance, mais on avance beaucoup plus vite quand on connait l’itinéraire !                

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